Alberto Magnelli
L’œuvre d’Alberto Magnelli (1888 – 1971), pionnier de l’abstraction, présente une trajectoire singulière au sein de la modernité artistique du XXe siècle.
Les débuts
« Ce fut un hasard qui, en 1907, mit entre mes mains des tubes aux magnifiques couleurs qui déclenchèrent en moi, alors tout à fait impréparé aux mystères de l’art, une révolution qui devait me prendre complètement. »
De la figuration inventée à la première abstraction
1910 – 1915
En 1910, Alberto Magnelli peint sa première œuvre majeure, Neve. Ce tableau figuratif annonce les éléments plastiques caractéristiques de l’œuvre de Magnelli : construction de l'espace par volumes géométriques, traitement des surfaces, utilisation de couleurs intenses. Il ne s’agit pas d’une transposition fidèle du réel mais d’un paysage « inventé ».
En 1914, il effectue un premier séjour à Paris où il se lie d’amitié avec Guillaume Apollinaire. Il rencontre alors les artistes de l’avant-garde comme Picasso, Léger…
L’année suivante, il peint sa première toile abstraite, suivie d’une série de douze autres (dont Peinture n°0521). Ce passage précoce à l’abstraction positionne Alberto Magnelli parmi les pionniers de ce mouvement artistique. Pour la première fois, il abandonne toute figuration et représente les formes et les couleurs pour elles-mêmes. Dans ces créations, il exprime un grand dynamisme au travers des lignes et des couleurs.
Retour à la figuration
1916 - 1931
Les Pierres
1931 - 1935
Inspiré par les blocs de marbre des carrières de Carrare, Alberto Magnelli entreprend, à partir de 1931, une exploration de ce monde minéral en créant des silhouettes anthropomorphes massives, seules ou en couple. Le travail sur les Pierres marque une rupture claire avec la période précédente. Il s’approprie de nouveaux matériaux non conventionnels comme du papier goudronné (Pierres n°225G, 1933)
En 1931, Alberto Magnelli s’installe définitivement à Paris.
Au cours des années 1930, Magnelli manifeste également un intérêt pour de nouvelles techniques : la lithographie à partir de 1934 ou encore le collage. Au travers de cette dernière technique, Alberto Magnelli explore les questions de rapports de matières et de formes (Les Râteaux Japonais, 1938).
Le seconde abstraction
1937 - 1969
À la fin des années 1930, les recherches formelles menées au travers de la série des Pierres et de l’expérimentation de nouveaux matériaux conduisent Magnelli à revenir progressivement à l'abstraction.
Dès lors, il ne quitte plus cette expression artistique. Il développe alors son langage pictural dont les éléments distinctifs sont les formes géométriques, les aplats de couleurs et cernes noirs sur des toiles de plus en plus imposantes.
Au cours de cette période, Magnelli continue d’expérimenter différents supports (l'ardoise, le papier à musique, fibrociment…) et différentes techniques (lithographie, linogravure…), transposant parfois des motifs de l'un à l'autre.
Alberto Magnelli décède à Meudon en 1971.
Les Magnelli de Vallauris
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Alberto Magnelli se réfugie à la Ferrage près de Grasse. Après la guerre, il y revient tous les étés. Il fréquente alors les artistes installés sur la Côte d'Azur dont Picasso à Vallauris. En 1964, Suzanne et Georges Ramié lui consacre une exposition à la galerie Madoura et il collabore avec Hidalgo Arnéra autour de la technique de la linogravure.
«Je possède encore – je n'ai jamais voulu m'en séparer car elles sont utiles et nécessaires à la démonstration de mes recherches – une série de toiles où l'on peut suivre en passant de l'une à l'autre l'évolution de toute une synthèse» - Alberto Magnelli, 1965
Cette collection unique et exceptionnelle, présentée au second étage du musée Magnelli, musée de la céramique, permet un voyage dans l'œuvre de l'artiste, pionnier de l'abstraction.