Au cœur des révolutions artistiques qui ont traversé le XXe siècle, à commencer par celle du cubisme qui bouleverse la représentation esthétique traditionnelle, Picasso a joué un rôle prépondérant. Cette modernité artistique, Picasso l’affirme aussi sous d’autres aspects, notamment en bousculant la hiérarchie entre les arts, les beaux-arts et les arts décoratifs. L’exploration des différents médiums apparaît très tôt dans sa démarche artistique mais elle se manifeste de manière plus significative après-guerre où le travail avec des artisans ou des professionnels spécifiques se multiplie, parmi eux François Hugo pour l’orfèvrerie. Cette dernière apparaît comme l’une des collaborations peut-être les moins connues de Picasso, restée longtemps confidentielle. Elle débute en 1956 et se poursuit jusqu’en 1967. Au travers de cette association, sont créés des plats, des pièces spécifiques dessinées par Picasso comme les compotiers et des médaillons en or, conçus à la demande de Jacqueline Picasso et approuvés par Picasso.
Le lien entre l’orfèvrerie et la céramique s’impose. Tout d’abord, parce que les plats en argent sont une transposition des céramiques dites « empreintes originales ». Le rapprochement s’opère également dans le choix de la technique adoptée : Picasso voulait une approche similaire à celle de l’empreinte : les plats sont donc façonnés en martelant des feuilles d’argent plutôt que par coulage. Cependant, pour Picasso, il ne s’agit pas d’une simple « déclinaison » : adapter des sujets d’un support à l’autre est essentiel pour nourrir sa réflexion créatrice ; interpréter un motif iconographique au travers d’un nouveau médium doit permettre d’apporter une nouvelle dimension plastique. Dans cette approche, le choix des motifs iconographiques, parmi lesquels les visages dominent, apparaît particulièrement révélateur du processus créatif. Ainsi, Picasso va soigneusement sélectionner vingt-quatre plats qui lui permettent de développer un nouveau vocabulaire plastique en jouant sur les effets de surface, accentués par les différences de finition : brillante pour les parties saillantes, mate pour le fond.
À l’occasion du 50e anniversaire de la disparition de Picasso, le musée Magnelli, musée de la céramique est heureux de pouvoir présenter au travers de l’exposition Picasso / Hugo : les hommes d’or, réalisée avec le concours des Ateliers Hugo une plongée au cœur de cet ensemble exceptionnel.
Autour de l’exposition
Qi gong au musée
Visites et ateliers de l’été
Balade picassienne