La poterie culinaire, production « historique », de Vallauris décline dans l’entre-deux-guerres. Cependant, dès la fin des années 30, de jeunes artistes commencent à arriver à Vallauris, notamment Suzanne et Georges Ramié, qui fondent en 1938 l’atelier Madoura (ce nom est issu de la contraction du mot « maison » et de leurs deux noms de famille Ramié et Douly). La production de Suzanne Ramié sera quelque peu éclipsée par celle de Picasso qu’elle accueille à partir de 1948 ; pourtant, elle se distingue par des créations issues des formes traditionnelles provençales : des formes pures soulignées par des émaux très vifs et par une production plus personnelle.
Ce mouvement se prolonge pendant et juste après la seconde guerre mondiale. Cette nouvelle génération participe au renouvellement de l’exposition traditionnelle, Poteries – Fleurs – Parfums, qui se tenait chaque année au Nérolium, coopérative agricole où est produit le néroli, essence de fleur de bigaradier, et qui avait été interrompue pendant la guerre. L’arrivée de Picasso impulse un tournant décisif et va créer une effervescence notable : les années 1950 apparaissent bien, dès lors, comme « l’âge d’or » de Vallauris et la ville devient « la cité des 100 potiers ».
Ainsi, à la suite de Picasso, d’autres artistes célèbres comme Marc Chagall, Edouard Pignon, Anton Prinner, Victor Brauner, s’initient à la céramique, à Vallauris. Parallèlement à cela, les jeunes gens, la plupart issus d’écoles d’art, qui continuent à s’installer à Vallauris, vont créer chacun à travers leurs personnalités différentes, un foyer artistique extrêmement riche. On peut citer Jean Derval, Roger Collet, Roger Capron, Gilbert Portanier, Robert Picault, Marius Bessone, Marcel Giraud, Alexandre Kostanda, Albert Thiry, Gilbert Valentin… : les formes dérivées de l’utilitaire sont toujours très présentes mais cette nouvelle génération se tourne également, peu à peu, vers des formes plus sculpturales et également vers l’architecture.
Cette jeunesse n’est pas la seule à développer une production remarquable. D’autres se distinguent, comme celle de Jean Gerbino qui a travaillé au début du XXe siècle chez les Massier et qui est installé comme artisan à partir de 1930. Il a mis au point une technique de terres mélangées qui trouve son plein épanouissement lors de cette décennie. L’entreprise s’est poursuivie avec ses deux gendres, Joseph Capra et Edouard Alziary, puis avec le gendre de ce dernier, Yvan Koenig.
De même, les fabriques traditionnelles (Giuge, Grandjean-Jourdan, Saltamacchia, Foucard-Jourdan…) participent à ce mouvement en renouvelant une production de qualité.